Asie : S’attaquer au problème des retards de croissance

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Selon l’Indice de développement de l’enfant 2012 (Child Development Index, CDI), publié par l’organisation non gouvernementale (ONG) Save the Children, les retards de croissance dus à la malnutrition entravent les progrès en matière de bien-être des enfants. Le continent asiatique, où des millions d’enfants de moins de cinq ans accusent un retard de croissance, est confronté à un défi de taille.

D’après les chiffres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 100 millions d’enfants souffrent d’un retard de croissance dû à la malnutrition en Asie.

Le CDI mesure trois indicateurs du bien-être et du développement de l’enfant – la santé, l’éducation et la nutrition – dans 141 pays du monde. Ces pays sont ensuite classés en fonction de leurs résultats, c’est-à-dire des risques pour l’enfant de mourir avant l’âge de cinq ans, de ne pas fréquenter l’école et d’être en dessous du poids normal.

« Des progrès significatifs ont été accomplis, mais les données montrent que l’Asie est à la traîne en matière de sous-nutrition », a dit à IRIN Michel Anglade, directeur du plaidoyer et des campagnes pour Save the Children en Asie. « En Asie de l’Est, plus d’un enfant sur cinq souffre d’un retard de croissance dû à la malnutrition. »

Dans son rapport sur la situation des enfants dans le monde en 2012, l’UNICEF a indiqué que plus d’un tiers des enfants de moins de cinq ans en Asie présentaient un retard de croissance – c’est-à-dire qu’ils étaient trop petits pour leur âge –, que 27 pour cent étaient trop légers pour leur âge et que 13 pour cent étaient émaciés, c’est-à-dire que leur poids était trop faible pour leur taille en raison d’un problème de malnutrition aiguë.

Le rapport indique que la malnutrition affecte près de la moitié des enfants de moins de cinq ans en Inde et au Népal et que les taux sont de 37 et 40 pour cent respectivement en Indonésie et au Cambodge. Au Bangladesh, 43 pour cent des enfants de moins de cinq ans souffrent d’un retard de croissance et un quart d’entre eux proviennent de ménages à revenu moyen.

Selon le rapport, environ 59 pour cent des enfants afghans et 58 pour cent des enfants est-timorais de moins de cinq ans présentent un retard de croissance modéré à sévère.

D’après Dorothy Foote, spécialiste du programme de nutrition et de sécurité auprès du bureau du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en Asie, il y a eu des progrès modestes, mais des disparités régionales persistent.

Le nombre d’enfants qui accusent un retard de croissance en Asie du Sud – soit en Inde, au Pakistan, au Bangladesh, au Népal, au Sri Lanka et en Afghanistan – a diminué de 10 pour cent seulement entre 1990 et 2010. « Les chiffres sont encore très élevés », a dit Mme Foote. Les enfants qui présentent un retard de croissance courent plus de risques de développer des maladies et de mourir, d’avoir des problèmes de développement cognitif et d’obtenir de mauvais résultats à l’école, selon des experts en santé.

Les retards de croissance dus à la malnutrition surviennent généralement avant l’âge de deux ans et leurs effets sont largement irréversibles.« Dans de nombreux pays asiatiques, les enfants ne sont pas adéquatement nourris pendant leurs 1 000 premiers jours de vie. Cette période est pourtant la plus cruciale dans la prévention de la malnutrition », a dit M. Anglade, de l’organisation Save the Children. « Une bonne alimentation entre le début de la grossesse et le deuxième anniversaire de l’enfant est essentielle à la santé, au bien-être et aux succès futurs de celui-ci et peut avoir un impact important sur sa capacité à grandir, à apprendre et à sortir de la pauvreté. »

Selon une analyse des taux de retards de croissance et du produit intérieur brut (PIB) de 137 pays industrialisés et en développement publiée dans le rapport de Save the Children sur la situation des mères dans le monde en 2012, la croissance économique ne suffit pas à prévenir les retards de croissance.À titre d’exemple, l’Inde a un PIB par habitant de 1 500 dollars et 48 pour cent des enfants souffrent d’un retard de croissance, tandis que le PIB par habitant du Vietnam est de 1 200 dollars et que le taux de retards de croissance est de 23 pour cent. « Ce n’est pas seulement une question de ressources », a dit M. Anglade.

L’engagement politique et la mise en œuvre de politiques de soutien et de stratégies efficaces sont la clé du succès dans l’amélioration de la santé des enfants. Certains pays prennent des mesures en ce sens. Le Népal a intensifié ses campagnes de sensibilisation aux bonnes pratiques en matière d’alimentation auprès des pauvres des régions rurales et cherche à prévenir les retards de croissance en distribuant de la nourriture thérapeutique prête à l’emploi (ready-to-use therapeutic food, RUTF), mais les perceptions du public par rapport à l’alimentation minent les efforts déployés.

En Indonésie, où plus d’un tiers des enfants accusent un retard de croissance, les autorités ont pris des mesures pour améliorer les taux d’allaitement maternel et promouvoir la transition opportune vers une alimentation d’appoint chez les jeunes enfants.D’autres pays, comme le Vietnam, ont commencé à produire localement de la nourriture thérapeutique prête à l’emploi afin de réduire les retards de croissance. Les Philippines ont intensifié leurs efforts pour encourager l’allaitement maternel chez les femmes pauvres.

« Les causes de la malnutrition sont complexes – certaines d’entre elles, comme la pauvreté et les normes sociales, ont des racines profondes –, alors que d’autres, comme l’apport alimentaire et la fréquence des maladies, sont plus immédiates », a dit Mme Foote, de l’UNICEF. « Nous avons été témoins d’une amélioration des pratiques à la suite de campagnes intensives d’éducation et de sensibilisation. »

Des travailleurs humanitaires ont cependant indiqué qu’il y avait eu très peu d’amélioration dans le statut nutritionnel des enfants les plus pauvres.

« Il y a encore beaucoup de travail à faire pour atteindre les personnes les plus défavorisées et combler le fossé pour les enfants les plus vulnérables », a dit Mme Foote.

fm/cb-gd/amz

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