Centrafrique : « L’objectif en terme de nutrition, à l’heure de la relance agricole dans le pays, est de multiplier les angles de lutte contre la malnutrition »

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Distribution alimentaire (RCA)En temps normal, en République centrafricaine les taux de malnutrition sont chroniquement à la limite, voire au- delà, des normes acceptables.  La crise politique et sécuritaire qui frappe le pays depuis plus d’un an, l’effondrement des structures d’Etat, la violence et les déplacements de population qui en découlent ont rendu cette situation encore plus grave.

L’origine de l’aggravation actuelle du niveau de la malnutrition a trois raisons principales :
– Le manque d’accès au système de soins de santé de base qui s’est effondré. Cela signifie une fragilisation des populations à risque et plus de diarrhées ou infections sévères non traitées ;
– Les déplacements qui fragilisent plus encore des fractions entières de la population et les empêchent de cultiver leurs terres ou de gagner leur vie;
– Et enfin, la crise du secteur agricole et alimentaire. Les canaux d’approvisionnements en vivres et produits agricoles se sont eux aussi effondrés.

Ces trois facteurs forment un cocktail explosif. L’amalgame de causes qui n’ont  a priori peu à voir entre elles mais, quand elles s’ajoutent les unes aux autres, provoquent un cercle vicieux où chaque problème doit être traité et identifié.

Pour comprendre comment lutter efficacement contre la malnutrition dans un tel contexte, il faut rappeler que s’attaquer à ce problème, même si cela est à priori contre intuitif, ce n’est pas seulement une question de nourriture.  La malnutrition se propage aussi sur un terreau  qui combine la multiplication des infections non traitées, des diarrhées sévères (plus à risque encore chez les enfants), la précarité du déplacement et de la perte des moyens de subsistance. Pour le PAM, ses partenaires et tous les acteurs humanitaires, la priorité est donc sur tous ces fronts : le front de l’accès à la santé, celui de l’accès à un minimum d’hygiène,  particulièrement pour les populations déplacées, et bien sûr assurer l’accès à suffisamment de nourriture pour les plus vulnérables.

D’où une première intervention importante  pour le PAM. Il est aujourd’hui primordial d’inverser la tendance, d’assurer maintenant, et aussi à terme, plus de vivres pour ceux qui en manquent. Suite à des saisons agricoles particulièrement mauvaises, la production de nourriture n’a cessé de chuter. C’est précisément pour cela que le PAM, en plus de ses distributions de vivres aux personnes déplacées et vulnérables, de son appui aux enfants et aux femmes allaitantes malnutries, a mis en place une série de mesures pour appuyer la saison agricole à venir. Ceci se fait avec la FAO, ainsi que nos partenaires du monde des Organisations non gouvernementales (Acted, Première Urgence,  Danish Refugee Council, Triangle et Caritas, entre autres).

Comment fait-on ?

Alors que la population centrafricaine, dans les régions où elle le peut, prépare en ce moment les champs pour les plantations et tente de remettre en place certains commerces, l’idée principale est de fournir des outils agricoles et des semences aux ménages dans les zones les plus défavorisées (grâce à la FAO) afin qu’ils préparent aux mieux la prochaine saison agricole. Ceci s’accompagne  parallèlement de distribution de vivres pour les quatre mois à venir, des vivres qui doivent aider ces populations à attendre que les récoltes arrivent pour s’alimenter pendant la période de soudure – celle où les stocks de vivres sont les plus bas.

Le PAM fournit donc des rations de protection de semences, qui comprennent des aliments fortifiés pour les enfants et les femmes allaitantes. Cet effort est massif et durera jusqu’aux prochaines récoltes. A ceci s’ajoute toutes les activités d’appui aux centres et ONGs qui traitent les cas de malnutrition modérée. Et bien sûr, la continuation des distributions de vivres aux personnes déplacées à cause des violences.

Le but est de fournir un éventail le plus large possible
de filets de protection pour les populations les plus fragiles
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Le PAM s’emploie donc à travailler en trois temps :

–          le travail immédiat qui consiste à fournir un traitement contre la malnutrition modérée ;
–          un travail préventif pour les personnes déplacées via des rations alimentaires de base et des produits spécifiques pour les enfants de moins de cinq ans et les femmes allaitantes ;
–          un travail à long terme avec la FAO pour lutter contre la succession de mauvaises saisons agricoles, dans le but de préparer les meilleures récoltes possibles pour l’avenir.

Et pour y parvenir, le PAM a fait venir en Centrafrique de nombreux collaborateurs du monde entier, du Myanmar au Kenya, en passant par le Cameroun, le Rwanda, l’Italie, le Soudan, ou encore l’Ouganda. Il s’agit d’une entreprise sans aucun doute complexe car l’environnement reste volatile et les défis sont énormes, mais elle a au moins permis une montée en puissance exponentielle des activités de distribution alimentaire et de nutrition par rapport aux années précédentes