Les galeries artistiques privées à Téhéran, vitrines de la création indépendante

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 Golnar Tabibzadeh, Galerie Mehrva, Téhéran, 2008.
Golnar Tabibzadeh, Galerie Mehrva, Téhéran, 2008 ©Alice Bombardier

A l’appui de l’Almanac d’Iran, Willem Floor avait dénombré approximativement treize galeries artistiques à Téhéran en 1973 (1). Aucune galerie n’avait été ouverte en province. En 2008, il était possible de dénombrer pas moins de 145 galeries à Téhéran, 22 à Shiraz et 2 à Esfahan (2). Madame B (entretien 2, 2008), artiste-peintre téhéranaise âgée de 79 ans en 2008, souligne d’emblée cette évolution (3) :

Ce qui est selon moi remarquable, c’est le nombre de galeries. Elles sont devenues très nombreuses. Les étudiants sont devenus aussi très nombreux. Ils peuvent voir de l’art beaucoup plus facilement et en apprendre sur la question beaucoup plus aisément. Par rapport à l’époque où moi j’allais à l’université [années 1950, au sein de la Faculté des Beaux-Arts de l’Université de Téhéran], ça a beaucoup changé.

Il n’y avait à cette époque que deux ou trois galeries dans tout l’Iran, qui organisaient des expositions. Maintenant nous avons peut-être une centaine, voire plus, de galeries. Vraiment beaucoup plus. Aussi les étudiants d’aujourd’hui peuvent plus facilement connaître, comprendre et posséder de l’art.

Les galeries d’exposition privées en Iran jouent aujourd’hui un rôle primordial dans l’animation et le développement du réseau des artistes indépendants. Elles ont fidélisé une clientèle et réunissent un cercle de visiteurs attitrés. Ces derniers communiquent entre eux de manière informelle et n’hésitent pas à se réunir à l’occasion des vernissages. Ainsi, Payam et Bahnam, deux amis venus à la fois au vernissage et à la clôture d’une exposition de photographies qui a eu lieu en 2006 à la Galerie Ettemad, avaient appris « par un ami photographe qui connaît la directrice de la galerie » que cette exposition de photos sur Paris, comportant des clichés de la Gay Pride, avait lieu et s’y étaient rendus par cette invitation indirecte. Les visiteurs des galeries privées à Téhéran constituent un public d’initiés, qui font eux-mêmes et entre eux la publicité de ces manifestations. Les adresses des bonnes expositions se communiquent ainsi par connexions informelles permettant l’accès à ces cercles restreints, voire fermés.

Les galeries artistiques privées à Téhéran n’ont pas pignon sur rue. Elles recherchent la discrétion et bénéficient de ce fait d’une certaine indépendance que leur octroie leur appartenance à la sphère privée. Elles demeurent toutefois astreintes au contrôle du Bureau de la Censure du Ministère de la Culture et de l’Orientation Islamique, auprès duquel elles doivent enregistrer chaque exposition qu’elles organisent. Ces galeries sont très actives et exposent un à plusieurs artistes tous les quinze jours. La nature de leurs expositions peut être subversive, comme cette exposition de photographie citée ci-dessus, dont le titre était « Le Spleen de Paris et les Fleurs du Mal », faisant allusion à l’homosexualité qui est dans certains cas passible de la peine de mort en Iran. Elle comportait des images de la Gay Pride parisienne mais aussi de SDF et de passants dans le métro et les rues de la capitale française.

Ayant questionné l’artiste sur les risques encourus pour une telle exposition, celui-ci m’a répondu que la plupart des visiteurs iraniens, excepté peut-être les plus cultivés, ne reconnaissaient pas que certaines des photos exposées avaient trait au milieu homosexuel parisien. En effet, ceci n’était pas indiqué explicitement. Il espérait donc que l’exposition se déroulerait sans obstacle, comptant de plus sur la renommée de la galerie. Certaines de ces galeries téhéranaises sont en effet en vogue et connues de la plupart des milieux artistiques alternatifs de la capitale. Parmi les plus renommées à Téhéran : Galerie Ettemad, Galerie Mah, Galerie Golestan, Galerie Seyhun, Galerie Dey, Galerie Homa, Galerie Aran, Galerie Silk Road (se consacrant à la photo), Galerie Hoor… Le réseau des artistes indépendants ne pourrait véritablement subsister sans ces espaces de mise en connexion, qui permettent aux artistes de se faire connaître en tant que tels, voire de vivre de la vente de leurs œuvres. Les galeries ont également le mérite d’entretenir une émulation très forte au sein de cette sphère artistique fermée qui se tient le plus souvent à distance de toute emprise intellectuelle ou politique.

Gloria Zein, Lits de philosophes, Maison des Artistes, Téhéran, 2008.
Gloria Zein, Lits de philosophes, Maison des Artistes, Téhéran, 2008. ©Alice Bombardier.

En 2007, deux expositions ont attiré mon attention. La première a eu lieu dans une galerie nouvellement fondée, la Galerie Vali, dont la directrice faisait partie des quatre gérantes de l’institut Mah-e Mehr, espace d’exposition et surtout d’enseignement de l’art créé en 2005 à l’initiative de ‘Alireza Sami ‘Azar, ancien Directeur du Musée d’Art Contemporain de Téhéran (1997-2005). Yasmin Majd y exposait alors des peintures abstraites ou proches du tag, qui se mariaient avec la décoration de la galerie aux murs bruts, avec briques apparentes (ill.1). Son œuvre faite de plusieurs panneaux, sur laquelle était inscrit à la bombe Miduni ‘eshq ya’ni tschi ? / Sais-tu ce que ça veut dire l’amour ?, faisait partie des succès de l’exposition (ill.2).

La seconde exposition avait réuni deux jeunes artistes à la galerie Mah. Bahareh Navabi, étudiante à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, présentait notamment de grandes toiles où son portrait était sérigraphié à l’infini à la manière Pop Art. Elle dénonçait la censure en se représentant le visage strié de peinture noire, muselée (ill.3). Il était intéressant également de remarquer son audace dans la représentation du sexe masculin au centre de l’une de ses toiles. Toutes ses œuvres ont été vendues le jour même du vernissage, ce qui était assez courant en 2007 et 2008 dans les galeries téhéranaises portées par le marché de l’art émergent. L’autre jeune artiste, Nargues Hashemi, exposait des toiles faites à la plume inspirées de l’esthétique de la miniature (ill.4).

L’année 2008 fut à mon sens une année bien plus importante encore pour les galeries artistiques en Iran. La tenue de différentes manifestations consacrées aux galeries d’art privées dans des lieux d’exposition publics a mis en évidence l’influence prépondérante que celles-ci avaient acquise sur la scène artistique téhéranaise. L’exposition « Sept regards [Haft negah] » au Centre culturel et artistique Niavaran en février 2008 – qui donnait à voir et à vendre la collection de sept femmes galeristes et collectionneuses de Téhéran -, ainsi que l’exposition organisée peu de temps après, « Les galeries d’Iran » au Centre Saba d’avril à mai 2008, allaient dans ce sens. Ce salon des galeries au Centre Saba consistait en la mise en scène d’un lot d’œuvres, envoyé par une centaine de galeries situées dans tout le pays. Le gérant ou un envoyé de la galerie était le plus souvent présent sur les lieux pour tenter de conclure des ventes, dont la pratique s’était banalisée. En 2008, quelques mois avant que la crise financière n’éclate, le marché de l’art du Moyen-Orient contemporain était florissant aux Emirats Arabes Unis et avait d’importantes répercussions sur le climat artistique téhéranais.

Outre ces grandes expositions leur faisant honneur dans l’espace public, l’émulation était également à son comble parmi les galeries qui étaient restées en retrait dans la sphère privée. Ainsi, un adepte du graffiti était exposé Galerie Mehrin, dont les murs avaient été entièrement repeints par lui à l’occasion de son exposition (ill.5). La galerie Ava fêtait ses un an au Nord de Téhéran en réunissant des artistes cotés, reconnus depuis peu sur le marché de l’art à Dubai. Les cafés-galeries à la mode florissaient dans les quartiers branchés de la capitale. Nastaran Safaei, une jeune designer, exposait ainsi ses dernières créations au Café-galerie du Parc Hesabi. Golnar Tabibzadeh présentait des toiles crues et sardoniques à la Galerie Mehrva (ill.6) ; Yaser Mirzaee des paysages impressionnistes à la Galerie Aria (ill.7). Les maîtres eux-mêmes n’étaient pas en reste et attiraient un vaste public, comme lors de l’exposition à la Galerie Hoor de Homayun Salimi, diplômé de la Sorbonne à Paris dans les années 1970 et professeur dans différentes universités en Iran (ill.8-9).

Bahareh Navabi, Galerie Mah, Téhéran, 2007
Bahareh Navabi, Galerie Mah, Téhéran, 2007. ©Alice Bombardier

Afin de prendre également la mesure de l’accueil fait aux artistes étrangers – absents de la scène artistique iranienne jusqu’aux années 2000 mais dont la présence a été à nouveau quelque peu acceptée à la suite de la rétrospective de l’artiste franco-américain Arman (4) qui s’est tenue en 2003 au Musée d’Art Contemporain de Téhéran (après 2009, ces rares échanges artistiques internationaux ont été cependant le plus souvent interrompus) – voici les commentaires riches d’enseignement ayant accompagné la tenue d’une exposition d’art conceptuel organisée en 2008 à Téhéran par une artiste berlinoise (5).

Cette exposition a mis en évidence la curiosité des jeunes Iraniens face à l’art conceptuel (ill.10). Gloria Zein a été invitée du 9 au 13 mars 2008 à présenter à la Maison des Artistes une installation conceptuelle grâce à une association militant en faveur d’échanges artistiques à double sens. Cette association irano-allemande Arseh (la « scène » en persan), qui n’est demeurée active que peu de temps, avait été créée en 2007 par Amirali Ghasemi (Directeur de la Parking Art Gallery  à Téhéran) et Martin Ebbing pour favoriser l’émergence de relations artistiques plus fréquentes entre l’Iran et le reste du monde.

Voici en quels termes ils avaient présenté leur projet : « Le monde extérieur a commencé à reconnaître que la scène artistique iranienne est dynamique et que l’art iranien permet au pays d’acquérir une meilleure réputation que celle qu’il a actuellement. C’est un début encourageant mais il y a davantage à voir. L’art contemporain iranien est bien plus divers et développé que ce que le monde extérieur connaît. (…) Cependant, il nous paraît encore plus important que les échanges artistiques ne se fassent pas en sens unique. Les Iraniens n’ont que très rarement l’occasion d’apprécier l’art étranger. (…) Les artistes étrangers manquent donc l’occasion de se confronter en Iran à un cercle d’artistes très intéressés et connaisseurs »(6).

Yasmin Majd, Galerie Vali, Téhéran, 2007
Yasmin Majd, Galerie Vali, Téhéran, 2007.©Alice Bombardier

Invitée dans le cadre des échanges artistiques promus par cette association, Gloria Zein a accepté de se rendre à Téhéran pour présenter en personne sa dernière installation conceptuelle, Lits de philosophes. A partir des écrits et discours de dix philosophes contemporains – quatre Allemands, trois Français, deux Américains et un Iranien –, cette artiste a créé autant de maquettes format réduit de lits qu’elle a ensuite attribués aux philosophes concernés (7). Gloria Zein n’a pas seulement illustré les différents points de vue des philosophes, elle en a tiré la substance, qu’elle a transformée ensuite en espace. Son questionnement global porte sur la question de la localisation : où vivre ? Où faire son nid ? Comment se positionner dans le monde et sa propre vie ?

L’artiste allemande rapporte par exemple que, selon le philosophe iranien, Simon Farid O’liai, chercheur en histoire comparée, rien n’existe isolément. Ainsi, même la nuit, le dormeur reste connecté avec l’extérieur. Cela n’est pas toujours une connexion consciente ou contrôlée. Parfois le dormeur réagit seulement à un bruit, au froid, à des stimuli envoyés par son environnement. Selon elle, Simon Farid O’liai insiste sur le fait que la connectivité humaine est le mieux exploitée durant le sommeil : les rêves mettent en lien avec l’impossible, avec l’univers, avec Dieu. Cette puissance de liaison, d’union nocturne par la pensée, transforme le dorrmeur qui se réveille au matin différent. Le lit pour Simon Farid O’liai imaginé par Gloria Zein, est un petit matelas hérissé de multiples câbles.

Le philosophe français Jean-Luc Nancy a écrit un livre, L’intrus (8), où il relate les aléas d’une opération chirurgicale qui a bouleversé sa vie : la greffe d’un cœur donné par une femme noire. Malheureusement, ce cœur va être rejeté par son corps. Dans L’intrus, il s’interroge sur ce que cela entraîne pour lui de vivre avec le cœur d’une autre. Il souligne combien cela est étrange d’entendre battre dans sa poitrine le cœur d’une femme, appartenant à une autre culture, quand on est un homme. Gloria Zein a imaginé pour Jean-Luc Nancy un lit de terre noire, sur lequel elle a posé un demi-globe de verre transparent.

Selon Hans-Joachim Lenger, philosophe allemand, la construction et la représentation du lit sont avant tout culturelles. En Iran, une natte posée à même le sol suffit. En Allemagne, la literie consiste en un assemblage et une superposition savante de différentes strates. Le lit, d’après le philosophe, devient alors un endroit à reconquérir chaque soir. C’est pourquoi Gloria Zein a créé une tour métallique, si lisse que son ascension s’avèrerait extrêmement difficile. Cette tour est remplie d’eau sombre, symbole lacanien du subconscient.

L’art conceptuel a peu de prises en Iran. Il se répand toutefois à grands pas parmi certains groupes d’artistes (9). Monsieur D (entretien 4, 2008), artiste-peintre et enseignant téhéranais, annonce être déterminé et passionné à l’idée d’effectuer une thèse sur l’usage émergent des « arts nouveaux » (honarha-ye djadid, soit les formes récentes de l’art contemporain, art conceptuel, vidéo, installation, performance) dans la société iranienne actuelle. Voici un aperçu de l’accueil qui a été donné par le public iranien à cette exposition, à l’appui des commentaires multilingues inscrits dans le Livre d’Or.

Beaucoup ont apprécié l’interdisciplinarité de l’installation de Gloria Zein. Nazhat a écrit qu’elle a trouvé « l’assemblage de l’art décoratif d’intérieur et de la pensée philosophique intéressant ». Mais c’est l’aspect philosophique de l’installation qui a surtout attiré l’attention. Elaheh, étudiante en art, a trouvé que « dans le désert actuel des idées, l’artiste allemande a beaucoup apporté du point de vue philosophique ». De même, Takan a été charmé par ce « type de création pure ». Farahnaz pense aussi que « dans cette belle association de l’art et de la philosophie, cette dernière l’a emporté, comme toujours ». Un visiteur, ayant laissé un commentaire anonyme en allemand, a d’ailleurs été impressionné par cette façon non conventionnelle de présenter la philosophie : « Ca m’a beaucoup impressionné, écrit-il. Ces philosophes si durs à lire et à comprendre deviennent ici des gens comme tout le monde. Maintenant comment imaginez-vous votre propre lit ? ».

Yasmin Majd, Miduni ‘eshq ya’ni tschi ? / Sais-tu ce que ça veut dire l’amour ?Galerie Vali, Téhéran, 2007
Yasmin Majd, Miduni ‘eshq ya’ni tschi ? / Sais-tu ce que ça veut dire l’amour ?Galerie Vali, Téhéran, 2007. ©Alice Bombardier.

L’aspect conceptuel de l’œuvre de Gloria Zein a été appréhendé surtout à travers le prisme de la philosophie. Le terme d’art conceptuel n’est à aucun moment cité. Les visiteurs ne se réfèrent pas à l’histoire et aux créations de ce courant artistique né en Allemagne dans les années 1960. La première exposition d’art conceptuel, Konzeption Conception, avait eu lieu en octobre et novembre 1969, au musée de Leverkusen en Allemagne. Joseph Kosuth ou le groupe Art-Langage avaient alors tenté de définir ce mouvement. Selon eux, l’art conceptuel ne se soucie en apparence plus du savoir-faire de l’artiste car l’idée prime sur la réalisation. Certains artistes conceptuels ne proposent parfois que des esquisses de ce que pourrait être l’œuvre ou encore des modes d’emploi permettant à tout un chacun de réaliser l’œuvre. Avec ce courant, c’est l’idée qui a de la valeur, non sa réalisation. On assiste ainsi, pour la première fois en histoire de l’art, à une expression artistique qui pourrait en réalité se passer de l’objet. La toile, la peinture et leurs substituts disparaissent.

L’effacement de l’œuvre-objet, dont le support n’est plus classique, comme la toile ou la pierre, a interpellé certains visiteurs de l’exposition de Gloria Zein. Soheila a écrit : « Dans le domaine théorique, l’exposition est très riche. L’utilisation des idées de philosophes est, pour moi, très intéressante. Mais je trouve que la construction de maquettes a diminué l’intérêt de l’exposition ». Fahimeh ne comprend pas : « Je connais peu les mots intellectuels. Je ne peux pas comprendre tes ouvrages. C’est rien, c’est vide ». Ce mode de rationalisation artistique se heurte également à la quête poétique, symbolique ou mystique. Ainsi, un visiteur déstabilisé par cet intérêt peu commun (ou trop commun) pour un lit, tente de spiritualiser l’installation : « Le corps a en effet besoin de lit mais l’âme doit se libérer de toutes attaches terrestres ».

La tenue de cette installation conceptuelle a suscité un authentique dialogue via l’œuvre entre l’artiste, les visiteurs et ces derniers entre eux. Le public n’est pas resté indifférent, tel cet anonyme qui, en anglais, nous apprend quelles résonnances cette exposition a eu dans sa propre vie : « La plupart des nuits, je dors avec des somnifères ou des drogues. Mon lit et dormir= fun. Mes rêves l’ont transformé en un style de vie spécifique. J’aime mon lit ».

(1) Willem Floor, “The Arts in Western and Southern Central Asia. Iran and Afghanistan. Towards the contemporary period”, History of Civilizations of Central Asia, vol.VI, UNESCO Publishing, Paris, 2005.
(2) Chiffres obtenus d’après un relevé établi en 2008, relevé disponible en annexe à la thèse La peinture iranienne au XXème siècle (1911-2009) : Historique, courants esthétiques et voix d’artistes. Contribution à l’étude des enjeux de l’art en Iran à l’époque contemporaine, EHESS/Université de Genève, 2012, pp. 215-221.
(3) Les entretiens avec les artistes-peintres iraniens auxquels je fais référence ici ont été réalisés par mes soins en 2008 et 2009 dans la cadre de l’élaboration d’un doctorat de troisième cycle intitulé La peinture iranienne au XXème siècle (1911-2009) : Historique, courants esthétiques et voix d’artistes. Contribution à l’étude des enjeux de l’art en Iran à l’époque contemporaine, EHESS/Université de Genève, 2012. Ils font partie d’un corpus de 19 interviews et sont consultables dans leur intégralité en annexe à la thèse (vol.2). L’anonymat de ces artistes a été préservé.
(4) Arman, l’un des fondateurs du courant du Nouveau-Réalisme, connaissait bien l’Iran, où il avait accompagné la mission archéologique d’un moine dominicain en 1958. A cette époque, ralliant Téhéran en 2CV Citroën via Istanbul et le Khuzestan iranien, il avait exposé au collège Saint-Louis de Téhéran dirigé par les pères lazaristes, une crèche de Noël réalisée à partir d’éclats de verre et d’un ballon de football. Il s’agissait de sa première exposition à l’étranger. En 2003, il a été le premier artiste occidental à être réexposé officiellement en Iran depuis l’instauration de la République islamique. Son Cœur en Verre, bloc de résine avec objets incrustés, exécuté en 1969, appartient au Musée d’Art Contemporain de Téhéran.
(5) Alice Bombardier, « Quand Art + Philosophie = un lit. ‘Lits de philosophes’ par Gloria ZEIN, artiste allemande, à la Maison des Artistes, Téhéran, 9-13 mars 2008 », La Revue de Téhéran, n°31, juin 2008.
(6) http://www.arseh.org/EN/arseh.html
(7) Par l’intermédiaire de ces maquettes, Susan Neiman (Américaine), Hans-Joachim Lenger (Allemand), Hajo Eickhoff (Allemand), Simon Farid O’liai (Iranien), Ruwen Ogien (Français), Friedrich Kittler (Allemand), Roberto Nigro (Américain), Jean-Luc Nancy (Français), Christian Duby (français) et Ludger Schwarte (Allemand) se sont vus attribuer « le lit de leur œuvre ».
(8) Jean-Luc Nancy, L’intrus, Galilée, Paris, 2000.
(9) David A. Ross, Between Spring and Summer: Soviet conceptual art in the era of late communism, Tacoma Art Museum, Washington, 1990.

 

Alice Bombardier

Alice Bombardier

Alice Bombardier est chercheuse associée au CADIS (EHESS/CNRS).