ECHO fête son 20ème anniversaire : Alain Boinet s’entretient avec Claus Sorensen

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Alain Boinet s'entretient avec Claus Sorensen
Alain Boinet (à droite) s’entretient avec Claus Sorensen (à gauche)

Grotius propose un dialogue sur l’aide humanitaire de la Commission Européenne, à l’occasion du 20ème anniversaire d’ECHO, entre son directeur général, Claus Sorensen, et Alain Boinet, directeur général fondateur de l’association humanitaire Solidarités International.

Alain Boinet : ECHO fête cette année son 20ème anniversaire et je vous remercie d’avoir accepté cette rencontre pour dialoguer sur l’aide humanitaire. Je saisis ici l’occasion pour souligner que « Solidarités International », avec d’autres acteurs humanitaires, s’honorent d’avoir activement milité auprès des décideurs politiques il y une trentaine d’année pour que la Commission Européenne, les États, l’ONU financent enfin l’aide humanitaire sans visas ni frontières pour les populations en danger où qu’elles se trouvent.

Selon nous cette aide financière institutionnelle est vraiment humanitaire dès lors qu’elle répond aux critères de respect de l’indépendance des ONG au service de l’impartialité de l’aide délivrée sur la seule base des besoins vitaux. Soulignons aussi que la création d’ECHO, il y a 20 ans, a apporté non seulement une reconnaissance aux acteurs humanitaires que nous sommes, mais également des ressources humanitaires supplémentaires significatives destinées à secourir les populations en danger.

Claus Sorensen, 20 ans après, quel bilan faites-vous et quelles perspectives d’action envisagez-vous pour le moyen et long terme ?

Claus Sorensen : ECHO a été créé en 1992 pour exprimer la solidarité européenne avec les populations en danger partout dans le monde. Au cours de ses 20 années d’existence, il a alloué 14 milliards d’euros d’aide humanitaire aux victimes de conflits et de catastrophes dans 140 pays à travers le monde et aujourd’hui les États membres et les institutions européennes fournissent plus de la moitié de l’aide humanitaire mondiale. L’assistance humanitaire européenne repose sur les principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance. Elle est fournie sans tenir compte des programmes politiques et vise à aider ceux qui en ont un besoin urgent. Lorsqu’une catastrophe ou un conflit survient, l’aide doit parvenir rapidement pour répondre aux besoins de base des victimes et préserver leur dignité. Aider les populations les plus vulnérables dans les situations de crise est un impératif moral.

Il est vrai qu’il existait une aide humanitaire avant la création d’ECHO et nous saluons le rôle majeur joué par ces acteurs humanitaires dans l’évolution de l’aide dans le monde. Nous sommes aussi très fiers de ce que nous apportons aujourd’hui en plus avec ECHO et en partenariat avec les ONG humanitaires, la famille Croix et Croissant Rouge et les Agences des Nations Unies.

Je voudrais ici insister sur la question de l’accès de l’aide humanitaire aux populations des crises oubliées. En effet, les médias jouent un rôle important dans l’information et la mobilisation de l’opinion publique et des décideurs dans les situations de crise. Mais, n’oublions pas qu’il y a un certain nombre d’ entre elles qui leur échappent et qu’on appelle alors les crises oubliées.

Je pourrai prendre l’exemple de la Colombie avec la guérilla des FARC, ses nombreuses populations déplacées dans des zones parfois difficiles d’accès, qu’elles soient montagneuses ou en forêt et pour lesquelles nous fournissons une aide suivie depuis longtemps malgré l’absence de toute médiatisation. Je citerai aussi le cas dramatique des populations Rohingyas qui se trouvent à cheval sur la frontière entre le Bengladesh et le Myanmar. Voilà un peuple harcelé et poursuivi en faveur duquel les Européens- par le biais d’ECHO, sont l’un des rares donateurs. Nous sommes là pour témoigner du fait qu’ils sont pourchassés et abattus. Nous essayons de subvenir à leurs besoins, tout en menant aussi un dialogue politique très fort avec le gouvernement du Myanmar qui même s’il tend à devenir plus démocratique a tendance à oublier qu’il y a d’autres problèmes et qu’il faut encore plus maintenant qu’ils sont plus ouverts,  respecter les droits fondamentaux des êtres humains. Ce ne sont là que deux exemples mais je pourrais en citer bien d’autres.

Alain Boinet s'entretient avec Claus Sorensen
Alain Boinet s’entretient avec Claus Sorensen (à gauche)

AB : Ne pensez-vous pas qu’ECHO, du fait de son poids comme l’un des principaux bailleurs de l’aide humanitaire internationale a des responsabilités particulières qu’il nous faut considérer ? Qu’il s’agisse de votre stratégie, de l’affectation de vos fonds, des diverses politiques thématiques, comme l’eau et l’assainissement ou la sécurité alimentaire, jusqu’au contrat- cadre de partenariat et au « reporting »… Ne pensez-vous pas que vos choix peuvent avoir une influence et des conséquences sur l’organisation et l’orientation de l’aide humanitaire pour vos 190 partenaires humanitaires et qu’ils doivent donc être bien réfléchis avec ces derniers?

CS : Je suis d’accord avec vous. J’ai appris notamment que les analyses de base des besoins, les fameux rapports des situations que nous émettons chaque fois qu’il y a une crise, sont utilisés dans beaucoup d’États membres, comme documentation vis-à-vis des autorités budgétaires. Nous sommes les seuls à fournir ce genre d’information et ça permet, évidemment, aux différentes instances de mieux comprendre ce qui se passe dans des régions comme le Darfour, la Corne de l’Afrique et maintenant le Sahel où l’accès est difficile. Nous pouvons fournir ce travail grâce à des experts qui sont nos yeux et nos oreilles sur le terrain. Ils nous font un rapport et après on recoupe ce travail avec d’autres analyses…

AB : ECHO a indéniablement un rôle d’analyse des situations rencontrées et par conséquent de prescripteur pour agir. Mais, j’aimerais aller plus loin sur ce sujet. Récemment, un assistant technique ECHO me disait : « Vous les ONG, êtes formidables pour nous faire des programmes avec des copiés-collés ». Je lui ai répondu amicalement que c’était peut être ECHO qui avait conduit les ONG à fonctionner ainsi. Aujourd’hui, le contrat-cadre de partenariat d’ECHO est quasiment enseigné dans les masters universitaires spécialisés a conduit à un formatage des esprits et des pratiques qui en résultent. Au risque, d’éloigner les humanitaires des populations et des contextes pour les concentrer exclusivement sur la gestion des programmes derrière leurs ordinateurs …

CS : Il faut bien comprendre que tous les éléments que vous venez de mentionner sont complémentaires. Il faut une bonne analyse des besoins, des moyens conséquents sur le plan du financement et, il faut l’engagement des volontaires pour aller auprès des populations. Cela n’entre dans nos prérogatives de « bureaucrates » de faire ce travail là. Nous avons des experts sectoriels sur le terrain, et c’est d’ailleurs une garantie de neutralité. Imaginez si l’on envoyait des fonctionnaires avec leurs bagages politiques… Notre approche doit nécessairement intégrer l’indépendance, la neutralité et l’impartialité des opérations. Ce sont pour nous des principes fondamentaux de l’aide humanitaire européenne.

AB : Au moment où ECHO célèbre ses 20 ans, quelles sont pour vous les principales urgences humanitaires sur lesquelles vous êtes mobilisés ?

CS : Le cas de la Syrie nous préoccupe beaucoup. Nous sommes en face  d’une intensification du conflit. On voit bien qu’il y a une masse toujours grandissante de déplacés internes. Il y a des réfugiés qui vont au Liban, en Jordanie et en Turquie. Disons le, la Syrie, ce n’est pas un pays pauvre habitué à des situations de pénurie. C’est un pays riche, qui a un certain nombre de ressources, mais face à la durée et l’intensité du conflit, les capacités des populations à faire face vont en diminuant. Par ailleurs, il faut prendre en compte les blessés, les malades, avec un accès aux services de santé de plus en plus aléatoire, voire impossible. Actuellement, toute notre action est portée par un petit nombre d’ONG que le régime actuel veut bien tolérer. Un certain nombre d’autres bailleurs de fonds travaillent avec d’autres ONG qui mènent d’autres opérations. Nous, nous essayons de rester dans la transparence la plus totale de ce que nous faisons. Je pense qu’il y a une certaine complémentarité entre tous les acteurs, et vous êtes bien placés pour le savoir. Nous essayons de partager les informations pour bien appréhender les besoins, pour aussi prévenir ce qui va se passer si jamais il y a une intensification, voire une extension des combats.

La région du Sahel et ce qui se passe au Mali, est un autre pôle d’attention pour nous. Nous étions plutôt confiants car nous avions pu anticiper la sécheresse dans cette région, et mobiliser en amont des fonds supplémentaires. Mais il y a eu la crise politique que nous connaissons tous… AQMI, les groupes islamistes armés et toutes sortes de groupuscules semi-criminels, avec du trafic de drogue, d’êtres humains, enfin tout un imbroglio qui déstabilise complètement un pays qui n’était déjà pas très stable. Ca me touche vraiment…Nous avions travaillé à mettre sur pied les moyens pour renforcer la résilience des populations face à la sécheresse mais là …

Pour nous la notion de résilience était importante. Cela voulait dire qu’au lieu de subvenir aux besoins des populations après que la sécheresse ait frappé, nous utilisons les fonds pour prévenir les famines, pour prévenir les dérèglements économiques locaux, pour renforcer la capacité d’accumuler un peu d’eau supplémentaire, pour bien gérer les troupeaux en amont de la crise, pour stocker des produits alimentaires, etc. Évidemment, la déstabilisation politique nuit à tout cet exercice de prévention qui a nécessairement besoin d’une certaine stabilité pour pouvoir être bien mené. On peut toujours faire de l’aide en catastrophe, on peut envoyer des secours par hélicoptères, mais la vraie solution évidemment, c’est qu’il vaut mieux prévenir que guérir.

AB : On attache en effet beaucoup d’importance à la résilience en ce moment. Et nous sommes totalement d’accord sur le fait qu’il faut renforcer les capacités des populations à faire face à toutes les formes de vulnérabilité. Il faut donc anticiper, prévenir comme vous venez de le dire. Mais avant une intervention humanitaire due à une situation de rupture pour cause de conflit ou de catastrophe, il y a une politique de développement qui doit contribuer à renforcer la résilience de ces populations et leur permettre ainsi, en cas de crise, de mieux faire face à leurs besoins les plus élémentaires. Les acteurs humanitaires eux, doivent d’abord répondre à l’urgence et, dans le même temps, penser aux étapes suivantes, voir ce qui se passe autour de la zone d’urgence et comment les territoires et les activités interagissent les uns avec les autres. Et dans ce contexte, le processus entre l’urgence, la reconstruction et le développement est tout simplement essentiel. Sans ce lien bien articulé, comment répondre efficacement et durablement à une crise humanitaire, et pouvons-nous renforcer la résilience ?

CS : Au fond, il faut que les deux mondes : le monde du développement et le monde de l’humanitaire, se mettent autour de la même table. Évidemment les humanitaires sont focalisés sur l’urgence pour sauver des vies dans l’immédiat. Mais, nous avons quand même une connaissance en ce qui concerne les causes profondes de ces urgences. Très souvent, il s’agit d’éléments climatiques, il s’agit de structures économiques et sociales, comme celle de la vie des nomades, de la façon dont ils gèrent leurs troupeaux. Et cette connaissance très pointue doit être prise en compte par nos amis du développement pour que le programme sectoriel agricole le prenne en compte, de même pour le programme sectoriel eau-assainissement pour subvenir aux besoins des communautés les plus vulnérables. Au fond, je pense que si nous sommes sérieux sur cette affaire de la résilience, il faudrait que chaque programme sectoriel de développement, avec les budgets développement pas nécessairement avec le financement humanitaire- intègre un élément de résilience, de capacité d’anticiper avant le désastre, et même pendant pour permettre aux populations de mieux rebondir après le désastre.

AB : Claus Sorensen, comment expliquez- vous que l’articulation entre l’urgence, la reconstruction et le développement fonctionne aussi peu et si mal. Pourquoi ça a aussi peu marché jusqu’à présent ? Moi, je suis très heureux qu’on parle de résilience, mais comment faire de la résilience sans une sérieuse politique d’aide coordonnée dans le cadre de ce processus urgence, reconstruction et développement ? On en parle depuis très longtemps de ce lien et ça a très peu bougé à Bruxelles, mais aussi à Paris et dans beaucoup d’autres pays.

CS : J’ai été très fâché quand je suis revenu à ECHO, parce que j’avais travaillé auparavant dans d’autres fonctions, très près des humanitaires, il y a une dizaine d’années. On avait déjà, comme vous le dites, identifié ce problème. Je pensais qu’il y avait eu des progrès. Je suis revenu et j’ai constaté que c’était la même ‘panade’. La différence cette fois-ci, c’est que ça a été identifié par tous les acteurs, pas seulement en Europe, mais aussi par la Banque Mondiale qui, à l’époque était plutôt axée sur des méga projets : des barrages, des aéroports, des routes, enfin le développement de la monoculture, le macro et qui avait très peu de sensibilité pour le micro et le lien entre les diverses situations. Maintenant, qu’est-ce qu’ils ont compris ? Ils ont compris que tous ces gros projets souffraient d’une fragilité énorme si dans leur exécution, leur conception il n’y a pas un élément de résilience. Parce qu’avec le changement climatique, avec les inondations, avec une guerre civile, avec le changement démographique, tout ce qu’il y a autour, tous ces gros projets risquent d’être complètement balayés par ces crises politiques ou ces catastrophes. Les développementalistes, que je respecte beaucoup, ont intérêt à intégrer tout cela dans leurs programmes sectoriels et je pense vraiment qu’il y a une volonté de le faire.

AB : De surcroît, si l’on considère les effets dévastateurs et récurrents du changement climatique, comme par exemple dans la Corne de l’Afrique avec ses famines à répétition, avec la croissance démographique, comment ne pas mettre en place un véritable plan Marshall de réponse globale et séquencé des multiples facettes de la sécheresse ?

CS : Vous mettez le doigt sur un vrai problème. Avec la croissance démographique, la crise économique… Avec le fait que les gens se déplacent et se regroupent aux alentours des villes, et quelquefois même construisent leurs cabanes dans des plaines avec des rivières, il y a une demande, il y aura une demande, c’est sûr et certain, qui explose et en même temps, nous avons la crise économique. Alors, il faut bien réfléchir, est-ce que nous faisons les choses de la bonne façon ? Est-ce que c’est vraiment utile de mettre tout le paquet sur l’accident après qu’il se soit produit ou est-ce qu’il faut faire quelque chose en amont ? C’est aussi simple que ça.

AB : Alors, par exemple, le « programme Share » pour la Corne de l’Afrique et le « programme Agir Sahel » répondent –ils vraiment à ces besoins de manière concertée et coordonnée entre les acteurs concernés ?

CS : Ces programmes font partie intégrante d’un plan.

AB. : Qui est en cours de mise en œuvre ?

CS : Oui, absolument, et c’est la preuve de ce que je viens de dire. A savoir qu’il y a une volonté politique, qu’il y a une prise de conscience. Alors, est-ce qu’on va y arriver ? Est-ce qu’on ne va pas oublier les bonnes résolutions avec les changements politiques ? les gens vont-ils recommencer à faire les mêmes bêtises qu’auparavant, je ne le sais pas. Mais au moins, à ECHO, nous sommes tous convaincus. Cependant, on ne souhaite pas faire tout le travail nous-mêmes, il faut qu’on le fasse avec les autres.

AB : Justement, nous pourrions faire le constat, pas seulement à Bruxelles, que paradoxalement, ce sont généralement les humanitaires qui sont le plus demandeurs de partenariats avec le développement afin de pouvoir passer de l’urgence à la reconstruction puis au développement et pour ainsi renforcer la résilience. Et d’ailleurs, comme d’autres ONG, à « Solidarités International » qui est à l’origine une association humanitaire d’urgence, nous avons été conduits à faire de plus en plus de la reconstruction, y compris et souvent même avec des techniques de développement. Nous l’avons fait par nécessité avec et pour les populations, parce qu’après l’urgence il y avait encore beaucoup à faire, qu’il n’y avait pas assez d’acteurs présents pour accompagner les populations, dans l’évolution de leurs besoins en sortie de crise, afin qu’elles retrouvent leur autonomie.
Et ce sont nous les humanitaires, (ce qui est quand même extraordinaire) qui sommes demandeurs de programmes plus élaborés, plus sophistiqués avec « les développeurs », alors que nous avons eu le sentiment que ceux-ci considéraient les humanitaires d’un air un peu dédaigneux, si je puis dire, tandis qu’eux-mêmes ne s’intéressaient pas tellement aux situations de crise. Ce n’est pas un sujet de polémique mais plutôt de débat nécessaire, parce qu’il faut dire les choses telles qu’elles sont pour évoluer vers une action plus efficiente.

CS : Oui, eux se sont sentis un peu dans une Rolls Royce et nous dans une 2 chevaux. Mais je pense qu’il y a un effet psychologique, c’est que nous, les humanitaires, nous sommes plus près de la vraie souffrance. Ca veut dire que l’on réagit. Et c’est pour cela que nous poussons plus parce que « les développeurs » eux, sont dans des projets à plus longs termes. Il ne faut pas non plus mal comprendre ce que je dis. Je suis pour le développement avec des plans, avec des projets de longue durée. Je suis pour le vrai développement économique. Mais je pense que chaque grand projet de ce genre doit avoir un élément de prévention. Chaque secteur : l’agriculture, l’électricité, les écoles, les femmes, les enfants … devrait intégrer à l’avance la question de savoir comment se comporter en cas de crise.

AB : Je souhaiterai revenir sur la Syrie qui soulève une question sensible. Certes, il y a une importante mobilisation de la Commission Européenne avec ECHO sur l’aide humanitaire en Syrie et, dans les pays limitrophes, pour les réfugiés syriens. Mais que faire pour les populations déplacées à l’intérieur du territoire syrien dans des zones qui ne sont pas sous le contrôle des autorités de Damas ?

CS : Oui, il y a un vrai problème de couverture des besoins humanitaires.

AB : Et si la situation continue de se détériorer, si ces populations déplacées sont de plus en plus nombreuses, qu’est-ce qui se passe, qu’est qu’on fait ? On attend ?

CS : Ce que je peux dire, et je crois qu’il faut vraiment analyser les chiffres. C’est que 47 à 50% de ce que nous faisons est en fait dirigé vers les zones qui sont hors contrôle du gouvernement. Je ne dis pas que ces zones sont sous contrôle des rebelles, parce que ça peut varier, et que les autorités de Damas peuvent en reprendre le contrôle. Mais, je constate qu’environ la moitié de notre aide va dans ces zones là. Nous avons fait le choix délibéré, de dire tout ce que nous faisons au gouvernement et une des raisons pour lesquelles nous le faisons, c’est que si nous ne le faisions pas, ce gouvernement pourrait nous rendre la vie difficile et peut-être même interdire et même nous chasser des endroits qui sont sous leur contrôle et là je le répète, il y a la grande majorité des déplacés internes qui sont toujours sous le contrôle du régime de Bachar El Assad et de l’armée. Est-ce qu’on peut les lâcher, je ne le pense pas, alors c’est un choix. Mais, ce que j’ai vu sur les cartes, ce qui me revient du terrain, c’est qu’effectivement il y a certaines poches, peu nombreuses encore, où l’accès des populations est extrêmement difficile, même pour nous et pour nos partenaires. Alors, je souhaite que tout le monde se mobilise avec les moyens nécessaires et que l’on essaye d’avoir une certaine complémentarité.

AB : Comme vous le savez, il y a certaines ONG qui agissent déjà ou qui cherchent à agir dans ces zones, sans autorisation, puisque personne ne la leur accordera. Évidemment, ces ONG cherchent à mobiliser des fonds pour financer les secours nécessaires, surtout à la veille de l’hiver. Ce n’est pas facile, ces ONG prennent des risques et parfois ne trouvent pas les fonds nécessaires alors que les évaluations ont été réalisées et que ces organisations humanitaires sont prêtes à agir et qu’elles sont reconnues pour leur expérience et leur sérieux.

CS : Oui, encore une fois, j’ai beaucoup de sympathie pour elles d’autant que les personnes qui prennent ces initiatives courent un risque personnel. Mais il faut comprendre qu’il y a un rôle pour chacun et que nous sommes un donateur important, avec une transparence urbi et orbi sur tout ce que nous faisons. Nous pourrons assurer certaines grosses opérations qui couvrent une grande partie des besoins et pas d’autres qui peuvent être pris en charge par d’autres institutions.

AB : A ce stade, nous pourrions évoquer, l’actualité du Consensus Européen sur l’Aide Humanitaire qui est, comme vous le savez, un texte très important pour nous puisqu’il affirme notamment les principes et pratiques humanitaires d’humanité, d’impartialité des secours et d’indépendance des acteurs afin que l’aide humanitaire ne soit pas un outil politique de gestion de crise. Croyez-vous que cela est gravé dans le marbre ou ne croyez-vous pas plutôt que le Consensus est un danger du fait de la tentation d’asservir l’humanitaire à des objectifs politiques, aussi bien intentionnés soient-ils.

CS : Écoutez, je pense que nous avons de la chance. Vous avez mentionné Louis MICHEL (ancien commissaire européen en charge d’ECHO, ancien ministre belge des affaires Étrangères) qui était présent l’autre jour aux journées européennes du développement et qui a tenu un discours lors de l’événement qui célébrait les 20 ans d’ECHO en présence de la Commissaire Kristalina Georgiéva. Louis MICHEL est à l’initiative du consensus pour l’aide humanitaire européenne et c’est un document résolument moderne.

Je ne suis pas sûr qu’aujourd’hui, avec le climat qui souffle, on aurait été capable de négocier un tel texte.

Tous les principes sont là : l’impartialité, la neutralité, l’accès, le « reporting », le fait qu’il faille se baser sur les besoins… C’est un très très bon cadre philosophique et politique pour tout ce que nous faisons. Nous nous sommes posé la question d’améliorer ou de changer le texte. Et puis en le relisant, on s’est dit non que non, tout y était.

Alors, est-ce que c’est gravé dans le marbre ? non. Je pense que comme dans beaucoup de situations politiques, il faut se battre tous les jours et il faut se faire l’avocat de tous ces principes. Et là nous avons du travail. Je crois qu’il faut promouvoir le consensus au niveau du politique. Il faut avoir des cercles de travail, des ateliers…Il faut discuter… Mais pour mettre tout ça en œuvre, il faut un deuxième plan d’action. Nous avons déjà eu un plan d’action sur lequel nous avons fait un rapport et disons le, le résultat est plutôt probant. Il y a pas mal de choses qui ont été faites, il y en a aussi beaucoup qui restent à faire.
Nous sommes en ordre de marche pour relancer le débat, revérifier que nous sommes sur la bonne piste avec les États membres et les ONG pour remettre cette question de l’aide humanitaire internationale de la solidarité sur la table, y compris le respect sur le terrain, des principes humanitaires.

Alors, c’est clair qu’il y a dans les allées du pouvoir, d’autres personnes qui circulent avec des agendas politiques et qui disent ouais mais nous heu… Prenons l’exemple de la Syrie. Le monde politique est un peu paralysé. Il ne faut quand même pas se cacher derrière notre petit doigt, il y a une crise. Les citoyens dans tous nos pays européens et même bien au-delà s’inquiètent, se demandent ce qu’il faut faire…. Et dans cette situation, c’est très facile de prendre l’aide humanitaire et de la donner avec des conditions politiques ou de la donner à nos petits copains (si nous savons qui sont nos copains, parce que ce n’est pas clair). En Syrie il y a des méchants, des supers méchants, et puis il y en a qui sont peut-être corrects, mais disons le, c’est plutôt gris de part et d’autre.

Alors l’humanitaire, pour moi il faut que ça reste neutre, parce que si ce n’est pas neutre et si c’est pas équilibré, nous aurons des problèmes à maintenir notre accès aux plus démunis, aux plus vulnérables et c’est pour ça que que je me bats. Je me bats tous les jours pour que les politiques fassent leur travail de politique. Je les en félicite. Je trouve qu’ils pourraient en faire un peu plus. Avoir plus de discussions avec les Chinois, les Russes… Enfin, c’est ce qui se passe aux Nations Unies. Ce n’est pas facile. C’est de la géopolitique mais c’est le travail des politiques et des militaires de s’occuper de ça et qu’ils nous laissent tranquilles !  Qu’ils nous laissent dans notre raison d’être qui est de faire parvenir l’aide aux plus souffrants et aux plus démunis. Et je pense que nous nous débrouillons plutôt bien dans cet équilibre. Je n’ai rien à cacher, mais je suis très ferme sur la neutralité de notre action.

AB : Vous êtes donc optimiste sur le fait que la commissaire, Kristalina Georgiéva, avec la DG ECHO et ses partenaires, soient capables malgré la disproportion des forces parfois, de faire respecter et appliquer le Consensus européen sur l’aide humanitaire.

CS : Ce n’est pas par notre taille ou les moyens que nous avons, qui sont certes importants, mais bien inférieurs aux budgets de développement ( sans même parler des budgets militaires) qui importe. Ce qu’il faut essayer de faire comprendre à nos collègues politiques et militaires, c’est que l’action et l’image de l’Union Européenne est d’autant plus forte et efficace si nous avons un bras humanitaire indépendant, crédible et capable d’aller vers les victimes. Cela fait partie de notre identité culturelle et de la projection de nos valeurs. Pour en revenir aux valeurs, la valeur européenne, est beaucoup plus forte que beaucoup d’éléments politiques. Ce raisonnement fait son chemin. Il y a beaucoup de mes collègues qui sont dans la diplomatie qui comprennent l’intérêt de nous laisser tranquilles, de nous laisser faire notre travail. Cela ne veut pas dire qu’on ne discute pas politique avec eux mais si nous sommes dans la boite à outils européenne, c’est justement parce que l’outil ECHO n’est pas politique. C’est peut-être un peu compliqué mais même les diplomates le comprennent.

AB : Oui, j’ai également rencontré beaucoup de politiques qui comprennent cela ainsi que des militaires. Mais la tentation est grande, surtout dans des crises politiques majeures ou tout s’imbrique, de revenir là-dessus et d’oublier les principes humanitaires déterminants pour l’accès aux populations en danger. Ainsi, quand nous dialoguons avec notre ministre des Affaires étrangères et européennes, Laurent Fabius, il reconnait bien volontiers que l’humanitaire ce n’est ni politique ni militaire, tout en affirmant par ailleurs que la réponse à la crise au Mali est politique, sécuritaire et humanitaire et qu’elle appelle une réponse intégrée. Les marges de manœuvre sont étroites.

CS : La tentation est toujours là. Si une grande chaîne de télévision met un micro sous le nez d’un Premier ministre qui veut faire bonne impression vis-à-vis de l’opinion publique, et qu’il se mêle aux humanitaires, ça joue en sa faveur. Il faut juste savoir que l’on garde en tête que tel et tel Premier ministre ou tel et tel président n’est pas un être apolitique. Cela peut créer des difficultés relationnelles et garder une certaine retenue, peut s’avérer un peu compliqué de temps en temps.

AB : Il y a les valeurs et il y a aussi les moyens. Et je pense là au budget de la Commission Européenne pour la période 2014-2020 et bien sûr au budget d’ECHO. Nous avons des inquiétudes fondées, tant sur le budget d’ECHO que sur ce que l’on appelle le fonds de réserve sollicité chaque année par ECHO pour pouvoir effectivement faire face à ses responsabilités. Des risques sérieux menacent vos ressources. Où en sommes-nous et que faut-il faire ?

CS : Je pense qu’il est temps d’agir, et cela de façon urgente, parce que nous approchons de la ligne d’arrivée de ces négociations. Je ne sais pas s’il y aura un compromis fin novembre au Conseil Européen ou s’il sera reporté au mois de décembre ou même retardé parce qu’il y a un problème de veto britannique. Tout peut arriver. Mais la seule chose que je peux dire c’est que, si les humanitaires pensent que c’est utile d’avoir un budget européen conséquent pour l’aide, il faut aller dans les chancelleries, dans les ministères des finances et tenir un discours d’explication, de coûts-efficacité, de stabilité parce que notre action sert aussi à stabiliser et à éviter les mouvements de population, l’immigration forcée et incontrôlée et tout ce que nous faisons sur la prévention nous permet d’économiser sur les budgets de développement ou à avoir un climat économique plus propice pour nos entreprises, et de surcroît nous sauvons des vies, ce qui n’est quand même pas la moindre des choses. Et je pense que c’est le moment, il faut mettre le paquet !

AB. Ce que nous voulons tous, je crois, c’est pour le moins le maintien actuel du budget d’ECHO, c’est à dire un milliard d’euros avec le fonds de réserve dont le montant serait de…..

CS : …. 350 millions d’euros, c’est ce que nous espérons.

AB : Fonds de réserve qui comme nous le savons est indispensable pour faire face aux urgences imprévues et sur lequel ECHO a une sorte de droit de tirage, privilégié, prioritaire. C’est bien cela qui est en jeu.

CS : C’est en jeu et ce n’est pas du tout gagné. Le pari est même risqué en ce moment parce que pour cause de crise économique, la tentation est de baisser les budgets un peu partout, au lieu d’avoir la réflexion supplémentaire : est-ce qu’il n’est pas peut-être meilleur de subvenir aux besoins humanitaires parce que là, ça fait partie des valeurs de notre civilisation européenne et qu’il y a des résultats concrets, comme on peut le voir sur le terrain. Est-ce qu’il ne vaut pas mieux protéger ce budget là et peut-être même le concevoir en cohérence avec l’augmentation des désastres, l’augmentation des conflits engendrés par le changement climatique, les conflits ethniques… qui sont malheureusement beaucoup plus fréquents. Tout cela, est parfaitement cohérent, mais il faut se bagarrer pour se faire entendre.

AB. Nous sommes en face d’énormes défis et ces défis ce sont la démographie, l’urbanisation, la pauvreté, le changement climatique, les catastrophes, mais aussi les conflits parce que l’on  voit bien que les conflits naissent, se développent, durent. Il n’y a pas de paix perpétuelle, et donc ces catastrophes, ces crises affecteront les populations toujours plus nombreuses avec des besoins plus nombreux aussi et, si on n’intervient pas, si on ne fait pas ce qu’il faut, cela aura des conséquences encore plus graves, et je me pose toujours un peu la question de savoir si les décideurs politiques ici anticipent à 10, 15 ou 20 ans, parce que je vois bien qu’en France, comme ailleurs, les décideurs politiques raisonnent d’une élection à l’autre. Et bien que certains hommes d’État voient plus loin, le calendrier politique électoral, qui est légitime, impose le court terme et la proximité alors que le malheur des autres est loin de chez nous.

CS : C’est compliqué et ce n’est pas seulement compliqué pour les hommes et les femmes politiques qui font selon moi un travail remarquable pour lequel j’ai le plus grand respect. Mais il faut bien se rendre compte que c’est la responsabilité morale de chaque citoyen d’avoir cette vue à long terme et de prendre ses responsabilités. Quel est le monde que nous souhaitons pour nos enfants et nos petits-enfants ? Est-ce que nous souhaitons laisser un peu à la queue leu leu le développement du globe ou est-ce que nous souhaitons un effort pour rendre la vie plus civilisée, prévenir les accidents, les désastres de par le monde ? En tant que citoyen danois, européen et enfin citoyen du monde, personnellement je pense avoir une responsabilité dans les trois cas de figure.

AB : Au-delà des valeurs et des ressources, il y a ce que l’on appelle le « contrat-cadre de partenariat » qui régit les relations contractuelles avec vos partenaires. Un nouveau chantier a été entrepris pour redéfinir les termes de ce contrat. Quelle est votre philosophie à propos de ce nouveau contrat, quelles sont les évolutions attendues ? Vous savez combien les ONG sont attentives et concernées par cette concertation.

CS : Pour employer une formule très courte, je dirais simplification, rapidité, concentration sur l’essentiel …. Confiance, confiance mutuelle, ça veut dire que quand une ONG a fait montre de responsabilité, d’un bon système de gestion, peut-être que que ses demandes seront étudiées plus vite et les montants qui lui seront alloués, plus conséquents. Diversité, je souhaite absolument garder une diversité parmi les partenaires. Je dis diversité par leur spécialisation parce qu’il y en a qui sont ont de meilleures connaissances sur la protection des prisonniers, sur les camps de réfugiés et que d’autres ont d’autres talents, mais il y a aussi, et pour moi, c’est important la diversité géographique : ONG Bulgares, Tchèques, tout en gardant la coopération avec mes amis Français. Parce qu ils font partie de l’Europe, il faut qu’ils se manifestent. Ça va venir. Il y a un autre élément important, ce sont les consortiums. Cela veut dire que pour amoindrir un peu les coûts d’administration d’ECHO, nous favorisons la collaboration entre différentes ONG pour qu’elles passent des contrats ensemble, qu’elles se coordonnent. Mais encore une fois, simplicité, efficacité, ciblage, diversité : je crois que ce sont les mots clefs.

AB. Vous avez aussi parlé d’approche orientée plutôt sur les résultats. Pouvez-vous nous en dire plus ?

CS : Oui, c’est indispensable de se concentrer sur l’essentiel. J’ai vu pas mal de contrats où les relations entre nous et nos partenaires étaient circonscrites à des question très importantes certes, mais vraiment limitées : avons-nous bien reçu tel ou tel dossier ? la documentation pour le paiement est t’elle bien là ?
Sur le fond, ce qui m’intéresse c’est que l’argent ait été dépensé de façon correcte, mais je ne souhaite pas de chasse aux sorcières. Ce qui m’intéresse encore plus, c’est qu’il y ait tel nombre de tentes installées, tel nombre de vaccinations, telle quantité de nourriture, de produits de nutrition qui ont été fournis aux maternités. Alors, je pense qu’on peut, en lâchant un peu de leste, faire monter la montgolfière un peu plus haut pour voir plus large et là je me fie aussi aux cadres standards sur la santé, sur comment il faut gérer les camps de réfugiés, tous les fameux standards Sphère qui constituent une base reconnue par tout le monde, quelle est la bonne assistance humanitaire ? Si on utilise ça comme base de référence, pas nécessairement sous forme contractuelle, mais sous forme d’aspiration qui me permet, après, d’envoyer des évaluateurs sur le terrain en disant : « voilà on a passé un contrat, les choses se sont plutôt bien passées, mais quel est le résultat ? » Et puis avec ça, nous pouvons avoir un dialogue plus approfondi sur pourquoi est-ce qu’on est là ? Je ne m’attache pas nécessairement aux détails financiers. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas être précis sur le financier. Il faut être méticuleux, mais là çela peut se résumer en deux mots : contrôle par échantillon. On prend un échantillon et puis dans certains cas on fait un contrôle à fond, mais sur la plus grande partie des situations, je préfère une évaluation plus intelligente, mais peut-être que je rêve. C’est le rêve que j’ai voulu partager un peu avec vous.

AB : Vous avez évoqué le projet Sphère que nous utilisons comme une boite à outils. Mais pour nous, tous ces outils doivent être utilisés en fonction d’un contexte, des cultures, des circonstances, des modes de vie, des capacités locales …et non plaqués indistinctement de manière uniforme dans des circonstances différentes, diverses.

CS : Vous avez tout à fait raison. Il ne faut pas en, se référant aux normes standardisées, croire que le contexte ne veut rien dire, c’est évident, mais justement une évaluation ex-post peut prendre en compte ce contexte. D’ailleurs dans les documents auxquels vous avez fait allusion avant, les fameux « humanitarian implementation plans » (HIPS) qui sont produits par ECHO, y a des éléments contextuels et les rapports de nos experts font remonter du contextuel. Après il faut marier les indicateurs Sphère et autres, voir les résultats qui ont été atteints et puis, si ça ne va pas, se demander si cela est lié à une particularité de la situation qu’il faut prendre en compte.

AB : J’ai connu la mise en place de l’actuel « contrat-cadre de partenariat » mis en œuvre de manière très diverses à travers le monde par les représentants d’ECHO avec ses partenaires. Cela pose des questions de cohérence, de fluidité et d’efficacité. Il ne faudrait pas que le prochain contrat cumule toutes les anciennes habitudes en plus des nouvelles règles au risque d’alourdir dangereusement le poids de la gestion, de l’administration, pour ne pas dire de la bureaucratie, au détriment partiel de l’action. La clarté, la formation seront essentielles pour la réussite d’un nouveau contrat.

CS : Vous venez d’utiliser le mot que j’allais mentionner, c’est la formation. Non seulement, il faut former nos partenaires, mais il faut nous former nous-mêmes, pour bien comprendre ce que nous avons mis dans les textes et c’est d’ailleurs pour cela que l’on commence même avant d’écrire le texte à bien discuter entre nous tous, de ce qu‘il veut dire. Comment est-ce que nous allons procéder ? C’est un vaste projet. C’est pour ça aussi que ça prend un peu de temps.

AB : Pour conclure ce dialogue, à l’occasion du 20ème anniversaire d’ECHO, comment voyez-vous l’avenir et les années à venir ?

CS : Mon souhait le plus profond c’est que dans 20 ans on n’ait plus besoin d’ECHO, mais malheureusement, ce n’est pas ce qui va se passer. Jai bien peur, avec tous les éléments que nous avons évoqués tout à l’heure : la démographie, le climat, la technologie, les accidents multi facettes.. qu’il y aura plus de désastres, plus de victimes. La seule chose que je souhaite de tout mon cœur, c’est qu’il y aura toujours des hommes et des femmes de bonne volonté qui viendront travailler ici, mais aussi qui s’engagent dans le monde des ONG, dans le monde onusien et dans la famille Croix Rouge pour subvenir et pour aider à la solidarité internationale.

 

Alain Boinet

Alain Boinet, fondateur de Solidarités International, président de la Coordination Humanitaire et Développement, membre du Conseil d’Administration de Coordination Sud. Plus l’indication sur le blog www.alainboinet.com.